Eduardo Arroyo

Eduardo Arroyo

Date de naissance: 1937

Date de décès: 2018

Biographie:

Eduardo Arroyo, né le 26 février 1937 à Madrid, est un peintre, graveur, lithographe, sculpteur et décorateur de théâtre espagnol, représentant majeur de la Figuration narrative et de la Nouvelle figuration espagnole, qui se développa en Europe au début des années 1960. Ses tableaux traitent de l'exil, des assassinats politiques, des complicités dont bénéficie le régime de Franco, des espagnolades qui masquent la réalité fasciste de l'Espagne et des bases américaines qui soutiennent l'impunité de Franco.
Son père était pharmacien, homme de droite phalangiste. Eduardo Arroyo a grandi dans le Madrid des années 1950. Élève du lycée français, il a de piètres résultats ; il intègre une école pour « cancres transfuges de tous les collèges » de la ville , puis une école de journalisme.
Après avoir exercé le métier de caricaturiste de presse en 1957 et s'être initié à la peinture, il se rend à Paris, pour fuir le franquisme, en abandonnant cette première activité, sans toutefois renoncer jusqu'à aujourd'hui à l'écriture, sa première vocation.
À Paris, il fait des petits boulots pour survivre et dessine des portraits à la terrasse des cafés ou reproduit les chefs-d'œuvre du musée du Prado à la craie sur le trottoir. En résidant dans la capitale, il prend aussi « conscience de la réalité sociale, de la réalité des opprimés et se politise ». Il rencontre de jeunes peintres surréalistes espagnols et des vieux républicains. Puis, il fait la connaissance d'Antonio Recalcati. Les deux artistes vont « faire de l’agitation politique à l’intérieur du Salon de la Jeune Peinture » avec Gilles Aillaud. Ensemble, ils réalisent des œuvres collectives, questionnent le rôle de l’artiste dans la société, sur la peinture comme arme militante.
En 1960, il commença à exposer au Salon de la jeune peinture, mais il se fit connaître à l'occasion de la IIIe Biennale de Paris de 1963, où il exposa son polyptyque Les quatre dictateurs , une série de portraits de dictateurs incluant Franco, qui provoqua la protestation du gouvernement espagnol. Les quatre dictateurs sont Mussolini, Hitler, Salazar et Franco, représentés de manière allégorique. En 1963, deux des dictateurs peints sont encore vivants : Salazar et Franco. Ces dictateurs n'ont pas de visage reconnaissable sur le tableau. Seul un drapeau en arrière-plan permet de déduire la nationalité du dictateur et donc du nom que l'on peut attribuer. Les corps des quatre dictateurs sont grotesques, vidés d’âme, sans visage et sans cœur. À l'intérieur de leurs figures, Arroyo dénonce les pires crimes commis par les dictateurs. Hitler est ainsi couronné d’un fil de fer barbelé rappelant les camps de concentration tandis que Salazar est caractérisé par les horreurs coloniales. Franco est flanqué d'un visage où figure un bombardement et des manifestants. Pour éviter de provoquer des hostilités avec l’Espagne, André Malraux, le président de la Biennale, sous pression de l’ambassade espagnole, exige la dissimulation des différents drapeaux pour éviter que les dictateurs soient reconnaissables.
Toujours en 1963, il réalise une exposition à la galerie Biosca de Madrid, inaugurée sans sa présence, dès lors que poursuivi par la police, il doit fuir à Paris. L'exposition est alors interdite et ferma quelques jours plus tard. En octobre, il participe à l'exposition Grands et jeunes d'aujourd'hui à la Galerie Charpentier avec Orlando Pelayo, Georges Feher, Albert Bitran, André Cottavoz et Gustav Bolin sous le parrainage d'Alexandre Garbell.
En juillet 1964, il participa à l'exposition Mythologíes quotidiennes, fondatrice du mouvement de la figuration narrative au Musée d'art moderne de la ville de Paris avec Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Peter Klasen, Antonio Recalcati, Jacques Monory, Leonardo Cremonini, Jan Voss et Öyvind Fahlström et l'année suivante à l'exposition éponyme La figuration narrative dans l'art contemporain, où il présenta avec Gilles Aillaud et Recalcati le polyptyque Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, acquis en 2013 par le Musée Reina Sofia , qui constitue le manifeste de ce mouvement.
Ayant quitté l'Espagne franquiste en 1958, il se partage depuis lors entre Madrid et Paris. Proche de Hervé Télémaque, il est comme lui un des représentants majeurs de la Nouvelle figuration et un des fondateurs du mouvement de la figuration narrative. Son style se caractérise par une relative absence de profondeur et une perspective frontale en aplat.
Après avoir participé aux événements de 68, il se tourne vers la réalité espagnole : « les luttes, le procès de Burgos, Franco, la dictature, l’Église, enfin tout le spectre de ce que sera l'Espagne jusqu'à la mort de Franco ». "El caballero español", œuvre réalisée à cette époque, se veut le portrait d’un bourgeois sous le régime franquiste. El caballero montre une star ou danseur de flamenco au regard aguicheur, travesti en femme. Sur un ton ironique, le peintre montre le caballero prenant la pose comme si on le photographiait. Il est enveloppé d'une aura, d'un halo de lumière, le reste du studio demeurant dans la pénombre. Le procédé photographique est utilisé avec le gros plan sur l'escarpin avec un effet zoom sur la chaussure. Le peintre s'est inspiré de l’image médiatique, de la photographie de magazine et celle du cinéma américain. Ce tableau peut être interprété comme une critique d'une tradition culturelle avec la robe, panoplie typique d’une danseuse espagnole, derrière laquelle un peuple se cache.

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