Date de naissance: 1120
Date de décès: 1135
Biographie:
Gislebert ou Gislebertus est probablement le nom d'un sculpteur français du XIIe siècle connu pour son travail à la cathédrale Saint-Lazare d'Autun dont le tympan est signé de ce nom. La sculpture La Tentation d'Ève lui est généralement attribuée.
Son style est caractéristique de l’art roman bourguignon que l'on retrouve dans les sculptures de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay.
Le tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun est attribué à Gislebert. L’inscription « Gislebertus Hoc Fecit » est en effet gravée sous la mandorle contenant, au centre du tympan, la représentation du Christ en gloire .
Il est toutefois possible que ce nom désigne un commanditaire ou une personnalité locale impliquée dans la mise en œuvre de l’édifice. Dans ce cas, le nom du maître du tympan resterait inconnu, comme d’ailleurs celui de nombreux artistes d’une époque où l’entreprise collective était une valeur plus forte que la reconnaissance individuelle.
C’est la thèse défendue par Linda Seidel, dans son livre Legends in Limestone. Lazarus, Gislebertus, and the Cathedral of Autun paru en 1999 . Elle s’y livre à une analyse de la signification que le Moyen Âge donne à la commémoration du nom. Et conclut que l’inscription « Gislebertus Hoc Fecit » renvoie sans doute à un important personnage engagé dans la mise en valeur des reliques de saint Lazare, reliques pour lesquelles la cathédrale a été construite. Pour Linda Seidel, ce type d'inscription a avant tout une fonction mémorielle et d'hommage à un ascendant connu.
Une enquête historique l’amène à poser l’hypothèse que le dit Gislebertus, ou Gilbert, était en fait un noble local ayant vécu bien avant l’édification de la cathédrale saint Lazare. D'après Linda Seidel , il fut comte d’Avallon, comte de Chalon (vers 938), comte d'Autun (vers 942) et enfin comte principal des Bourguignons (de 952 à 956) . Elle lui attribue, sans le définir vraiment, un rôle dans l’acquisition des reliques de saint Lazare. Celles-ci furent données à l'église d'Avalon par Henri Ier de Bourgogne, le fils d'Hugues le Grand, qui fut duc de Bourgogne de 965 à 1002. Son frère, Otton de Bourgogne, était le gendre du comte Gislebert . Ce rôle hypothétique attribué, selon Linda Seidel, à Gislebert, comte principal des Bourguignons de 952 à 956, lui vaudrait d'être signalé par l'inscription « Gislebertus Hoc Fecit » au-dessus du tympan de la cathédrale d'Autun.
Selon Pierre Alain Mariaux, professeur ordinaire d’histoire de l’art du Moyen Âge et de muséologie, cette hypothèse est plausible. Il y apporte cependant quelques nuances . Se fondant sur le Corpus des inscriptions de la France médiévale, il constate que les signatures d’artistes, si elles sont rares au Moyen Âge, sont quand même bien présentes et connaissent même une forte progression à la fin du XIe siècle. Mais, en général, l’artiste signe « Me fecit », plutôt que « Hoc fecit » qui est surtout utilisé pour les commanditaires et donateurs. Cette observation semble donc accréditer la thèse de Linda Seidel, qui voit en Gislebertus un donateur ancien dont on a voulu honorer l'histoire et la mémoire.
Toutefois, Pierre Alain Mariaux remarque que dans certains cas, « Hoc fecit » pourrait aussi désigner l’artiste. Il n’exclut donc pas que Gislebertus soit bien le nom du sculpteur du tympan de la cathédrale saint-Lazare, et qu'il aurait gravé « Hoc fecit » en raison de l’ampleur du travail réalisé par lui. Mariaux précise : « Dès lors, en modifiant une formule consacrée (hoc fecit à la place de l’habituel me fecit), le sculpteur Gislebertus montrerait, une fois le travail accompli, une fierté légitime, justifiée par l’ampleur de la tâche : créer un monument qui donne l’impression d’avoir une histoire, pour répondre aux vœux de l’évêque et de sa communauté » .
Si l'on ne peut attribuer avec certitude le tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun au dénommé Gislebertus, il est toutefois assez clair qu'un sculpteur de talent a réalisé cette œuvre. Ce « maître sculpteur du tympan de la cathédrale Saint-Lazare », qu'il se nomme ou non Gislebertus, est reconnu comme un artiste d'exception. Son talent a suscité des recherches, fondées sur l'analyse de son style, pour vérifier si on pouvait lui attribuer d'autres travaux de sculpture dans la cathédrale et ailleurs.
Dans leur livre, Gislebertus, sculpteur d'Autun , publié en 1960, Denis Grivot et George Zarnecki tiennent pour acquis que le créateur du Tympan du jugement dernier a aussi dirigé de bout en bout le chantier de sculpture de la cathédrale Saint-Lazare. Son style est reconnaissable en maints endroits et, s'il s'est évidemment fait aider, il a toutefois inspiré nombre d'œuvres et met sans doute lui-même fréquemment la touche finale à plusieurs d'entre elles. Selon les mêmes auteurs, il est notamment le sculpteur de tous les chapiteaux du chœur et de la nef.
En réponse à ce livre de Grivot et Zarnecki, Francis Salet, dans un article paru dans le Bulletin monumental en 1961, estime qu'on ne peut attribuer au sculpteur du tympan du jugement dernier qu'une partie des chapiteaux de la cathédrale. Il lui en accorde onze avec certitude : Les Pèlerins d'Emmaüs, L'Apparition à Marie-Madeleine, Le Martyre de saint Étienne, La Seconde tentation du Christ, La Délivrance de saint Pierre, La Chute de Simon le magicien, Le Sacrifice d'Isaac, L'Arbre de Jessé, Saint Vincent, Les Joueurs de balle et L'Annonce à Joseph.
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