Style: Néo-Dada; Art Conceptuel;
Lieu de naissance : Krefeld
Date de naissance: 1921
Date de décès: 1986
Biographie:
Joseph Heinrich Beuys, né le 12 mai 1921 à Krefeld, sur la rive gauche du Rhin inférieur, et mort le 23 janvier 1986 à Düsseldorf, est un artiste allemand qui a produit nombre de dessins, sculptures, performances, happenings, vidéos, installations et théories, constituant un ensemble artistique très engagé politiquement.
Sa naissance commence déjà par une fiction. Il déclarait être né à Clèves et non à Krefeld. C’est en découvrant des illustrations des sculptures de Wilhelm Lehmbruck, au cours des années 1930, que Beuys ressent fortement la volonté de devenir sculpteur. Il obtiendra son baccalauréat en 1940, juste avant d’être enrôlé en tant que pilote dans l’armée de l’air allemande.
Un événement va être déterminant pour la suite de sa vie : pilote de la Luftwaffe sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’écrase en Crimée. Ce moment est pour lui celui de l’instauration de sa légende personnelle : il semblerait qu’une patrouille allemande l’ait retrouvé et emmené à l’hôpital, mais Beuys raconta que, recueilli par des nomades tartares qui l’avaient nourri de miel, il était revenu à la vie, recouvert de graisse et enroulé dans des couvertures de feutre. Ces éléments qui lui auraient sauvé la vie deviendront récurrents dans sa production artistique (exemple : Pompe à miel). Il utilisera aussi couramment des matériaux tel que le feutre ou la graisse, en souvenir de cet incident qui, sans avoir recours à ces éléments, lui aurait coûté la vie (exemple : La horde).
Dès lors, à partir de la fin de la guerre, il devient la figure emblématique du mouvement Bewegung. Sa production artistique, constituée d’actions, de peintures, de dessins, de sculptures et de vitrines s’étend sur plus de trente ans. Durant cette période, il donne également de nombreuses conférences (Londres, Düsseldorf, Dublin, Bruxelles, Paris, New York…), tout en enseignant dans plusieurs instituts (Düsseldorf, 1961-1972).
En partant de son accident en Crimée (ou du mythe de cet accident), il va édifier une œuvre à caractère autobiographique et métaphorique qu’il qualifie de « mythologie individuelle ». Les croix rouges qui apparaissent dans certaines de ses œuvres, comme Infiltration homogène pour piano à queue (1966), rappellent ainsi des souffrances occultées, personnelles ou ancestrales. La symbolique passe également par l’emploi de matériaux non conventionnels. L’œuvre de Joseph Beuys a une vocation thérapeutique qui vise à guérir la société de ses maux, ce qui n’est pas sans rappeler les études de médecine qu’il suivait avant qu’elles soient interrompues par la guerre.
Il étudia la sculpture sous la direction d’Ewald Mataré à l’académie de Düsseldorf. En 1955, il souffrit d’une dépression nerveuse et passa deux ans alité, incapable de travailler jusqu'en 1959. C’'est deux années plus tard qu’il fut nommé professeur à son ancienne école.
Dès que l’art du happening arriva d’Amérique, Beuys commença à en organiser avec le groupe international Fluxus.
En août 1979, Bernard Lamarche-Vadel interroge Joseph Beuys à propos d’une crise psychique globale survenue entre 1955 et 1957, qui permit à l’artiste d’effectuer une remise à plat de tout ce qui affecte sa vie et d’établir les principes fondamentaux de son art :
« Je pense que les événements les plus globaux sont toujours étroitement liés à ce que les gens appellent une mythologie individuelle. Car pendant cette période, il n’y eut pas seulement une recherche globale aboutissant à une théorie, que l’on pourrait écrire sur un tableau noir comme un schéma, mais ce fut aussi une période très productive avec beaucoup de concepts et ce que l’on définira plus tard comme des traits initiatiques chamanistiques. Aussi, beaucoup de dessins furent produits avec un caractère radicalement différent des schémas dits “théoriques” du corps social. Il y eut également à partir de cette époque des sculptures, puis des objets et des performances, des actions à caractère intermedia, avec l’acoustique ou la musique. Ces derniers étaient dans la suite très logique des concepts déjà présents dans les dessins. »
À partir de 1964, Beuys inclut dans ses installations des matériaux organiques qui lui tiennent à cœur depuis son accident d’avion : le feutre, qui isole du froid ; la graisse, symbole de chaleur et d’énergie ; le miel ; mais aussi la cire d’abeille ; la terre ; le beurre ; les animaux morts ; le sang ; les os ; le soufre ; le bois ; la poussière ; les rognures d’ongle ; les poils. Ces derniers matériaux montrent la réutilisation par Beuys des déchets, non pas pour les magnifier, mais pour les mettre au service de l’art en explorant leur matérialité.
Joseph Beuys s’explique sur l’emploi de trois de ses matériaux de prédilection dans ses objets et lors de ses actions, à savoir la graisse, le cuivre et le feutre :
« Oui. J’ai utilisé davantage de matériaux au début et ils étaient plus conventionnels. Mais après la crise, j’ai commencé une nouvelle théorie et j’ai essayé de trouver les matériaux adéquats pour exprimer mes préoccupations avec de nouvelles énergies, avec les problèmes d’énergie en général et ma compréhension de la théorie de la sculpture. J’ai réalisé que nul ne connaissait le réel caractère de ce dont il parlait chaque jour, la sculpture, et que nul ne connaissait la constellation des énergies mises en jeu par la sculpture. Aussi j’ai essayé de pourfendre cette idée conventionnelle : la sculpture ; ce n’était pas pour moi uniquement le fait de travailler dans un matériau spécial mais la nécessité de créer d’autres concepts de pouvoirs de pensée, de pouvoirs de volonté, de pouvoirs de sensibilité. La graisse fut par exemple pour moi une grande découverte car c’était le matériau qui pouvait apparaître comme très chaotique et indéterminé. Je pouvais l’influencer avec la chaleur ou le froid et je pouvais le transformer par les moyens non traditionnels de la sculpture telle que la température. Je pouvais transformer ainsi le caractère de cette graisse d’une condition chaotique et flottante en une condition de forme très dure.Ainsi la graisse se déplaçait-elle d’une condition très chaotique en un mouvement pour se terminer dans un contexte géométrique. J’avais ainsi trois champs de puissance et, là, était une idée de la sculpture. C’était la puissance dans une condition chaotique, dans une condition de mouvement et dans une condition de forme. Et ces trois éléments, forme, mouvement et chaos étaient de l’énergie non déterminée d’où j’ai tiré ma théorie complète de la sculpture, de la psychologie de l’humanité comme pouvoir de volonté, pouvoir de pensée et pouvoir de sensibilité ; et j’ai trouvé que c’était là le schéma adéquat pour comprendre tous les problèmes de la société. Il y avait aussi, impliqué organiquement le problème du corps social, de l’humanité individuelle, de la sculpture et de l’art en lui-même. J’avais besoin de moyens d’expression. J’avais déjà la graisse. J’avais besoin par ailleurs d’un élément très rapide, porteur d’électricité, ce fut le cuivre. Et puis j’avais besoin d’autre chose pour isoler tel secteur de tel autre et j’utilisai alors le feutre. Ainsi, on pourrait dire que c’était le premier concept sur le plan de l’énergie… mais c’est aussi une sorte d’anthropologie ! »
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