Artiste: Fernand Khnopff
Date: 1896
Musée: Royal Museums of Fine Arts of Belgium (Brussels, Belgium)
Technique: Huile Sur Toile
Les femmes jouent un rôle majeur dans le symbolisme belge, car elles incarnent toute la dualité et l'ambiguïté du monde. Khnopff et Rops étaient des symbolistes belges qui ont capturé et exprimé le mystère des femmes. Dans le cas de Khnopff, la femme était diversement ange, muse, et un compagnon se précipitant pour sauver l'homme. Pourtant, elle apparaît aussi comme une tente, femme fatale avec plus d'un trait de l'inverse – le symbole même du Vice Suprême, chanté par Péladan, grand maître de La Rose+Croix. Le thème de la femme constitue un thème inépuisable pour tous les symbolistes, peintres et auteurs. Tout comme Khnopff dans ses peintures, Baudelaire définissait différents types de femmes dans sa poésie: «Je suis belle, oh mortels! Comme un rêve de pierre, et ma poitrine, où chacun à son tour s'est blessé, est faite pour inspirer dans le poète un amour éternel et muet, ainsi que le matériel. Dans Caresses, qui est peut-être la création la plus célèbre de Khnopff, il représente cette mystérieuse beauté, mais hélas la femme se vend et son maître devient Satan. C'est ce que Félicien Rops s'est rappelé d'elle tout au long de son œuvre. C'est la "femme dévorante", et en même temps c'est aussi la mort. «Je suis aussi belle que la mort, et aussi publique, a proclamé Emile Verhaeren dans Les flambeaux noirs (de la Trilogie Noire). Dans Contre le grain (ou Contre la nature), J.K. Huysmans a décrit ce climat singulier qui prévalait à l'époque symboliste, et à travers son caractère, le duc Jean Floressa des Esseintes – un homme de goût exquis et inhabituel, mais aussi pervers – il a proposé un système qui exalte l'étrangeté. Caresses, qui a longtemps été appelé Art, développe ce sentiment ambigu, mélangé à la tentation, la séduction, ainsi que la soumission – celle de l'homme à la femme. Cette confrontation de l'être androgyne avec le sphinx féminin dans un cadre imaginaire, rempli de colonnes bleues et d'inscriptions cabbalistes qui ressemblent vaguement à des hiéroglyphes, est ouverte à de nombreuses interprétations. Est-ce une symbolisation du pouvoir, de la domination et de la séduction, ou peut-être plutôt l'image de Khnopff lui-même face à sa réflexion, sa sœur Marguerite, la muse inaccessible? Ou, peut-être, c'est la vision éternelle d'Oedipe et du Sphinx ? Le travail soulève des questions sans fin et continuera sans aucun doute de le faire. Le mystère restera, comme celui des images de Magritte. Il est maintenant plus facile de comprendre pourquoi le grand-maître surréaliste est venu au Musée de Bruxelles simplement pour voir les œuvres du dandy symboliste. Texte : Gisèle Ollinger-Zinque, Musée d'Art Moderne. Une sélection d'œuvres, Bruxelles, 2001, p. 86 © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
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