Artiste: Victor Leguy
Date: 2017
Musée: 15th Istanbul Biennial (Istanbul, Türkiye)
Technique: Crayon En Graphite
On dit que l'histoire est écrite par les vainqueurs. Les travaux de Victor Leguy montrent comment les récits officiels ou institutionnalisés de l'histoire subissent une simplification ou une obfuscation due à l'idéologie, à la politique, à l'ignorance ou à la corruption. Son projet Structures for Invisible Borders (2016-17) met l'accent sur l'histoire et les trajectoires des migrations et des déplacements, en particulier dans le contexte de São Paulo, Brésil. Pour ce faire, il a fait des recherches sur la vie de certains immigrants mentionnés dans le manuel scolaire Snips of Old São Paulo, qui dégrade gravement le rôle historique qu'ils ont joué au Brésil. L'artiste a établi un contact avec leurs descendants par une action commune entre les peuples amérindiens – l'échange – en recueillant des textes, des documents et des photos d'objets afin de former un portrait de leurs histoires divergentes. Leguy a ensuite partiellement couvert ces objets, documents et photographies avec une ligne blanche, suggérant l'effacement ou la disparition, l'assainissement de la brutalité et de l'histoire, et l'histoire des autochtones et des migrants qui sont simplifiés ou expurgés dans le récit officiel. Pour la Biennale d'Istanbul, Leguy prolonge son projet brésilien avec une enquête sur les flux migratoires de la Turquie. Son travail se concentre sur une bibliothèque, un café et une librairie appelée The Pages dans le quartier de Fener à Istanbul, l'un des quartiers les plus anciens de la ville. La boutique contient des traductions arabes de romans occidentaux, ainsi que des livres syriens, et dans le sillage du Printemps arabe ainsi que de la guerre civile en Syrie, son café est devenu un point de rencontre pour les jeunes exilés arabes, comme les Syriens, les Irakiens, les Libyens et les Yéménites. Leguy s'intéresse à Fener comme carrefour de l'histoire, de l'exil et du transfert culturel dans un pays qui connaît l'afflux de 3,5 millions de réfugiés syriens. Pour sa contribution à la Biennale d'Istanbul, il invite les personnes qu'il a rencontrées dans cette librairie et ce café à échanger un objet avec lui, ou à lui donner un objet dont ils veulent se débarrasser. Ces objets sont de nouveau partiellement peints en blanc, rappelant les conditions d'invisibilité symbolique, et le blanchiment d'information, de récits et d'histoires.
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