Lieu de naissance : Guáimaro
Date de naissance: 1957
Date de décès: 1996
Biographie:
Felix González-Torres, né le 26 novembre 1957 à Guáimaro, à Cuba et mort le 9 janvier 1996 à Miami, est un artiste américain d'origine cubaine, influencé par le minimalisme et l'art conceptuel.
Il a grandi à Porto Rico avant de s'installer à New York en 1979 où il s’impose sur la scène artistique américaine à partir de 1990. Il fut par ailleurs présenté par la Andrea Rosen Gallery à New York, Jennifer Flay à Paris, jusqu'à sa mort des suites du SIDA en 1996.
Pendant ses études à New York il étudie la photographie à l'Institut Pratt et l’art au Whitney Museum of American Art . Il découvre un ouvrage majeur, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin, qui influencera son travail et sa démarche artistique « j’ai toujours été très intéressé par les écrits de Walter Benjamin, surtout vers 1981-83 à la sortie des cours libres du Whitney Museum quand je l’ai lu pour la première fois. J’étais très influencé par ses écrits, par leur pertinence dans notre culture aujourd’hui et je voulais faire un travail qui prenne en considération certaines de ses idées .» En effet le travail de Gonzalez-Torres témoigne d'une économie de moyens dans le processus qui s'observe par l'utilisation récurrente d'objets ou procédés industriels et reproductibles. C'est en cela d'ailleurs qu'il s'inscrit dans la lignée des minimalistes.
Cependant dans ses œuvres, Felix Gonzalez-Torres combine subtilement expérience personnelle, réflexion sur l'histoire de l'art et prises de position politiques. Ainsi il remet en question les théories de l’art minimal qui nient véhiculer des symboles ou des métaphores par leurs travaux, et lui préfère la neutralité. La différence réside dans le caractère autobiographique de ses œuvres. Il n'est pas rare qu'il y rende compte des différentes facettes de sa situation d'artiste homosexuel d'origine cubaine. Lorsque Gonzalez-Torres évoque la conception de son processus créatif, et les niveaux de signification de son œuvre, il cite souvent «la mémoire du sang» concept emprunté au poète Rainer Maria Rilke. Pour lui, l’expression artistique doit refléter la complexité d’un vécu et doit se faire la somme, la synthèse d’une quantité certaine d’évènements inexorablement, avant de ressurgir sous une forme nouvelle, sans perte de sens.
À la fin du XXe siècle, dans les années 1980, la notion de beauté est en crise « Vue de plus en plus comme une valeur futile liée au passé (…), elle a semblé incarner depuis le début des années 1980 l’élitisme de la société occidentale .» Déjà dans les années 1960 l'art conceptuel amorce une nouvelle approche, privilégiant le concept et l'idée au profit de l'esthétique de l’œuvre d'art. « Dans un climat de suspicion généralisée, la beauté a donc lentement fait retrait, laissant place à la fin des années 1980 et au début des années 1990 à de multiples approches, puis à une sorte d’art « politique » qui accorde plus de prix au propos qu’à l’esthétique .» Dans cette période de rupture où la démarche artistique semble trouver une autre orientation, Gonzalez-Torres fait partie d’une nouvelle génération d’artistes « (…) affirmant son engagement en faveur d’un contenu sans sacrifier pour autant l’esthétique (…) évoquant des thèmes aussi forts que la perte, la mort, le sida, la politique et le système de santé .»
« C’est une œuvre courte (1986/1995), ramassée en une douzaine de gestes : les montages et les c-prints à partir de 1986, les photostats, les puzzles et les horloges à partir de 1987, les piles de posters et les Travaux de sang à partir de 1988, les rideaux, les affiches et les portraits à partir de 1989, les tas de bonbons à partir de 1990, les miroirs, les guirlandes d’ampoules et les rideaux de perles à partir de 1991. Une première remarque s’impose : tous ces travaux, à part les montages et les Travaux de sang, sont des reproductions .»
Il produit entre 1987 et 1992 64 photographies montées sur puzzles et exposées dans leur emballage plastique. « À l’opposé de la photographie protégée par son cadre, le puzzle désigne donc l’image comme un objet proche, intime, ludique et fragile que l’on doit essayer de maintenir dans son intégralité si l’on veut en jouir ou en jouer . » Dans ce travail, l’artiste effleure son passé : une enfance à Cuba avant la révolution, la séparation d’avec ses parents à l’âge de neuf ans où il fut confié à l’Église en Espagne, son adolescence à Porto Rico, l’exploration de son identité sexuelle, les difficultés qu’elle posa, les amours qu’il vécut... Ses souvenirs filtrent son passé à travers les sous-titres chuchotés de ses œuvres : Perfect Lovers, March 5th, Revenge... Ils se matérialisent dans les photos de son enfance qu’il transforme en puzzles. Menaçant de se disperser, ces puzzles signifient une fragilité ; le souvenir devient la reconnaissance de l’absence ou de la perte. Mais ce procédé lui permet aussi de s’inscrire dans la lignée des artistes minimalistes et conceptuels dans une économie de moyen, par l’emploi d’objets industriels, et de fait, reproductible. Il utilise notamment des photos tirées des Mass Medias pour révéler, non sans ironie, l’hypocrisie sous-jacente à notre culture. Untitled (Klaus Barbie as a family man) présente par exemple le portrait apparemment anodin d’une famille. Mais l’homme au centre, entouré de ses enfants, est en réalité le criminel de guerre nazi Klaus Barbie, ayant fui son jugement et dont on retrouva la trace en Bolivie au début des années 1970. Ce genre de sanctions sociales imprègne toute l’œuvre de González-Torres.
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