Lieu de naissance : Paris
Date de naissance: 1774
Date de décès: 1821
Biographie:
Marie Françoise Constance Mayer La Martinière, née le 9 mars 1774 à Chauny et morte le 26 mai 1821 à Paris, est une peintre de l'école française qui exposa depuis la Révolution jusqu'à la Restauration.
Alors qu’elle a quinze ans d’atelier, formée par Joseph-Benoît Suvée et Jean-Baptiste Greuze, ayant régulièrement figuré dans les Salons parisiens depuis 1791, Constance Mayer paraît publiquement au Salon de peinture de 1808 au titre d’« élève » de Pierre-Paul Prud’hon comme indiqué dans le catalogue et continue d'être considérée comme telle par la critique et l'historiographie jusqu'à sa mort en 1821. Les convenances l'empêchent de se dégager de ce statut qui la maintient dans l'ombre de Prud'hon aux yeux de l'opinion. Plus que l’élève appliquée de Pierre-Paul Prud’hon, elle est sa maîtresse, travaillant régulièrement à ses côtés et pour elle-même, depuis 1803 et cherchant à sauvegarder les apparences sur la nature de leurs relations en l’appelant publiquement Monsieur et lui, Mademoiselle. Car il est marié et père de famille nombreuse, et l'adultère est très mal jugé sous l'Empire .
Après la mort de son père, Constance Mayer qui ne peut se résoudre à vivre plus longtemps séparée de Prud’hon, vient habiter, d’abord officieusement en 1808, puis officiellement en 1816, dans le même immeuble que son amant, au Collège de la Sorbonne rebaptisé « Musée des Arts » depuis la Révolution. Cette situation qui peut donner prise à la médisance, est donc masquée par ce titre envahissant d'élève qui, par la suite, a lourdement pesé dans l’évaluation juste de l’œuvre dessinée et peinte de Constance Mayer. On a ainsi accrédité l’idée selon laquelle elle fut moins une artiste douée et travailleuse qu’une dilettante, une inspiratrice, une amoureuse ayant abdiqué tout talent personnel pour se dévouer et se subordonner au maître, qui l’aimait en effet :
« Toi seule comble tous mes désirs, lui écrivait-il, s’agit-il de talent, de gloire et de bonheur, je ne vois que toi, je ne sens que toi. Tu es également le but où s’élèvent les rêves brillants de mon imagination, et la source délicieuse et pure où s’étanche la soif toujours renaissante de ma tendresse. »
Cette grande proximité affective avec Prud'hon amène certains critiques, fidèles à une tradition qui remonte loin dans le temps et se perpétue aujourd'hui, à feindre de voir la main de Prud’hon dans chacune des productions réussies de Constance Mayer. Ainsi Vivant Denon dit déjà d’elle : « Cet artiste féminin, quoiqu’elle ait déjà fait un charmant tableau, tient encore trop de son maître pour qu’on puisse savoir si elle a un talent à elle. » Et dans les décennies qui suivront sa mort, elle est citée avec condescendance par une historiographie empreinte de misogynie, celle en particulier des Goncourt et de leurs suiveurs. Le meilleur de son œuvre a, par eux, été inexorablement partagé, voire donné à Prud’hon, ainsi que le souligne avec justesse Charles Gueullette, qui remarquait en 1879 qu’« on lui a laissé ce qui, dans leur atelier commun, pouvait passer pour facile ou médiocre. » Ce révisionnisme artistique a été et demeure systématique, et on attribue sans hésitation à Prud’hon celles de ses œuvres peintes ou dessinées qu’elle n'a pas signées. Les attributions intempestives des experts marchands et des collectionneurs privés, comme l'ont été les ineffables frères Goncourt, portant sur les dessins et esquisses des œuvres peintes de Constance Mayer ont pratiquement toujours été entérinées par le suivisme intéressé de certains conservateurs de musée, trop heureux de compter dans leurs collections quelques œuvres supplémentaires dites de Prud'hon. On remarque en passant que, concernant les œuvres de Prud’hon, on ne pense jamais un instant pouvoir y déceler l’influence de sa collaboratrice, car au fond, qui peut dire dans quelle mesure celle-ci n’est pas intervenue dans le cours de la réalisation de quelques-uns des chefs-d’œuvre incontestés du maître ? Quoi qu’il en soit, plusieurs des tableaux allégoriques, des esquisses et surtout des dessins préparatoires dont quelques portraits au pastel de Mayer ont été attribués à Prud’hon ou généreusement partagés avec lui – le contraire n’arrivant jamais ! –, et il est même arrivé que, sur une de ses toiles peintes, la signature autographe de Mayer fût effacée et remplacée par celle de Prud’hon.
Le nombre des œuvres de l’élève, prêtés au maître depuis sa mort, est, selon Gueullette, « incalculable » : « Par contre, ajoute-t-il, on attribua à Mademoiselle Mayer toutes les imitations défectueuses, tous les mauvais pastiches de Prud'hon. C’était le moyen d’en trouver le débit, et l’on ne se fit pas faute d’en user, témoin ce marchand auquel je me plaignais dernièrement de ne jamais rencontrer d'œuvres authentiques de cette artiste : « C’est que, me répondit-il ingénument, nous les vendons pour des Prud'hon ! » Le flou planant sur quelques-unes des productions de Prud’hon, particulièrement ses dessins, tient au fait qu’il ne les signait pas. Prud’hon le révèle lui-même un jour au fils d’un ami : « Ton père signait pour moi les dessins de moi qui lui tombaient dans la main car je n’en ai jamais signé aucun. » . »
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