Date de naissance: 1911
Date de décès: 1987
Biographie:
Renato Guttuso est un peintre italien, représentant du réalisme pendant les périodes fasciste et communiste de l'histoire italienne contemporaine.
Résistant, antifasciste, très tôt engagé aux côtés des communistes, Guttuso se caractérise toutefois par un art qui transcende toute considération politique et par une identité sicilienne qui se situe aux antipodes du régionalisme.
« La pittura è una lunga fatica di imitazione di ciò che si ama. »
— Guttuso
Fils de Gioacchino Guttuso, arpenteur de son métier et aquarelliste amateur, et de son épouse Giuseppina d'Amico, Renato Guttuso est né le 26 décembre 1911 dans la ville de Bagheria, située à 15 km de Palerme. Influencé par le hobby de son père, le jeune garçon fréquenta l'atelier de l'artiste Domenico Quattrociocchi et la boutique du décorateur de charrettes siciliennes Emilio Murdolo, et il commença très tôt à peindre ; il datait et signait ses propres œuvres avant l'âge de 13 ans. L'essentiel de son activité consistait alors à copier des paysagistes siciliens du XIXe siècle, des peintres français tels que Millet ou des artistes contemporains comme Carlo Carrà, ce qui n'excluait pas des créations originales, en particulier des portraits.
Il existe aujourd'hui, au musée communal de Bagheria, des toiles datant de 1925 où se révèle déjà le style de l'artiste. Un portrait de son père exprime, par son réalisme, l'admiration du jeune garçon envers cet homme intègre, passionné d'art et de littérature, qui vouait un culte à la liberté hérité de son propre père, Ciro Guttuso, compagnon d'armes de Garibaldi.
À Bagheria, la famille Guttuso vivait dans une maison à proximité des villas Valguarnera et Palagonia, œuvres de l'architecte Tommaso Napoli, dont il reproduisit plusieurs détails dans des toiles ultérieures et qui inspirèrent sa vision des falaises d'Aspra.
Entre les excursions au bord de la mer et les premières amours, le jeune homme fut le témoin de la crise économique et sociale que traversait la Sicile au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il assista également au déclin et à la ruine des somptueuses villas baroques de Bagheria, massacrées par une urbanisation sauvage due aux luttes de pouvoir au sein de la municipalité. Dans le même temps, ses parents eurent à pâtir de leurs mauvaises relations avec le Parti fasciste local et à réduire leur train de vie.
Au cours de son adolescence, Renato Guttuso fréquenta l'atelier du peintre futuriste Pippo Rizzo et les milieux artistiques de Palerme. En 1928, à 16 ans, il participa à sa première exposition collective dans la capitale sicilienne.
Après ses études au lycée puis à l'université de Palerme, il poursuivit sa formation artistique en s'inscrivant dans le droit-fil de l'école figurative européenne, de Courbet à van Gogh et à Picasso, et habita à Milan avant de voyager dans plusieurs pays d'Europe. Sous l'influence de l'expressionnisme, apparurent de plus en plus souvent des motifs typiquement siciliens dans ses tableaux, comme les citronniers ou les oliviers, mais aussi une atmosphère de solitude mythique, insulaire, qui culmina en 1931 dans une exposition collective de six peintres siciliens accueillis par la critique, selon Franco Grasso, comme « une révélation, une affirmation de l'identité sicilienne. »
À Palerme, Guttuso s'installa dans un atelier sur le Corso Pisani et, avec l'artiste peintre Lia Pasqualino et les sculpteurs Barbera et Nino Franchina, il forma le Gruppo dei Quattro (groupe des Quatre). Opposé aux canons académiques de l'époque, il s'attacha à la liberté des figures dans l'espace et à la recherche chromatique pure, rejoignant en cela le mouvement artistique « Corrente » et s'éloignant encore davantage de la culture officielle du régime fasciste et de ses choix thématiques lors de la guerre civile espagnole et à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Ce fut durant son long séjour de trois ans à Milan que mûrit l'« art social » de Guttuso, dont l'engagement politique se manifesta de plus en plus nettement dans ses œuvres de cette époque, Fucilazione in Campagna, qu'il dédia à Garcia Lorca, et les deux versions de la Fuga dall'Etna (1938-1939). Peu après, il emménagea à Rome, Via Margutta, où son caractère exubérant lui valut le surnom de « Sfrenato Guttuso », l'« Effréné ». Proche des artistes les plus représentatifs de son temps, Mario Mafai, Corrado Cagli et Antonello Trombadori, il continua à fréquenter le groupe des Milanais, Treccani, Giacomo Manzù, Aligi Sassu. L'œuvre qui lui assura la célébrité, sur fond de controverses avec l'Église catholique comme avec le Parti fasciste, fut La Crocifissione (1941), où le thème religieux sert de prétexte pour dénoncer les horreurs de la guerre.
Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, diffusés clandestinement, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie, notamment le massacre des Fosses ardéatines en mars 1944.
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