Date de naissance: 1470
Date de décès: 1524
Biographie:
Tang Yin ou T'ang Yin, surnoms : Bohu et Ziwei, noms de pinceau : Liuru Jushi et Taohua Anzhu, né en 1470, originaire de Suzhou, province de Jiangsu, mort en 1523. Chinois. Peintre de genre, figures, paysages, fleurs. Dessinateur .
Né à Suzhou dans un milieu de commerçants modestes, Tang Yin, à quinze ans, passe brillamment les examens de la préfecture, puis en 1497, ceux de la province, où il reçoit le titre de jieyuan réservé aux candidats les plus éminents. Considéré comme un jeune génie, il est admiré et protégé par des hommes aussi en vue que les peintres Shen Zhou et Wen Zhengming (1470-1559) dont il est l'ami.
Son tempérament, ses dons aussi le poussent à l'extraversion ; sa réputation de jeune talent des plus prometteur le précède à Pékin, la capitale, où il part à vingt-huit ans pour passer les examens d'état qui lui ouvrent les portes d'une grande carrière gouvernementale. En compagnie d'un ami riche, il mène grand train. Cet ami, peu doué, soudoie un serviteur de l'examinateur en chef qui lui communique les sujets. L'affaire est ébruitée et les deux jeunes gens sont emprisonnés ; Tang Yin qui ne peut prouver son innocence voit ainsi son avenir brisé : il est privé de tous ses titres académiques et rentre à Suzhou, courbé sous le poids de l'humiliation.
Il écrit à Wen Zhengming : je suis un objet de honte… Ceux qui me connaissent, comme ceux qui ne me connaissent pas me montrent du doigt et crachent… Ce que j'ai vécu est cruel au-delà de toute limite. Cela a changé ma contenance. Rejeté par sa femme, renié par de nombreux amis, il devient cynique, se met à boire, aime à choquer par son langage et ses manières et oublie l'amertume dans la débauche. Exclu du monde lettré, il vend ses peintures pour vivre ; ce foudre de vertu qu'est Wen Zhengming lui conserve néanmoins son amitié, sa vie durant, non sans l'admonester, en pure perte.
En 1501, Tang voyage pendant un an et jusqu'à l'épuisement de ses forces pour visiter les paysages du Zhejiang, du Fujian, du Hunan et du Sichuan et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il trouve quelques consolation dans la méditation du Bouddhisme (chan zen).
Parmi les nombreux peintres de Suzhou au XVIe siècle, où fleurit notamment l'école de Wu, Tang Yin et Qiu Ying se situent marginalement mais n'en compte pas moins parmi les quelques grands artistes de la Dynastie Ming. L'art qu'ils pratiquent se caractérise en effet par un raffinement d'expression rare chez des professionnels et des connaissances techniques peu fréquentes chez les amateurs. En fait, à côté des influences de l'école de Wu et des maîtres Yuan, ils ne renient pas certaines formules académiques et développent à partir de ces sources éclectiques un style personnel.
Pour vivre, Tang œuvre comme peintre professionnel, dans un genre populaire et décoratif pour les bourgeois de Suzhou et ce sont ses études de personnages en couleur, particulièrement de jolies femmes dans le style Tang et ses peintures érotiques, qui lui valent comme à Qiu Ying, sa réputation. Dans ce domaine toutefois, ils savent l'un et l'autre rendre au genre de la mesure dans la technique et dans le goût ; les copies et les nombreuses gravures qui sont faites de leurs œuvres influence l'art de l'Ukiyo-e japonais.
Artiste isolé et de génie, Tang représente et l'école de Wu et la tradition académique de Li Tang (1050-1130) à travers Zhou Chen (1450-1535) ; il semble travailler avec une extrême facilité et ne crée ni principes nouveaux ni école. Ses plus anciennes œuvres datées, vers 1506, sont des paysages dans le style Li Tang, avec des rochers aigus et des rides au pinceau appuyé, manière qui lui apparaît vite trop schématique et trop restrictive : il en donne bientôt une représentation plus libre.
Le rouleau horizontal, Pêcheur sur une rivière automnale (National Palace Museum de Taipei) est une de ses meilleures réussites dans ce genre : deux lettrés se reposent dans leur barque, l'un jouant de la flûte, l'autre lui donnant le rythme en claquant dans ses mains. Les notes mélancoliques de la flûte se mêlent au murmure d'une petite cascade et rendent particulièrement prenante l'atmosphère de l'automne ; l'harmonie des tons est admirable avec ces feuilles mortes qui rougissent le cours d'eau et se rassemblent au pied des rochers.
C'est là une attitude caractéristique de Tang vis-à-vis de la couleur, et très différente de celle de nombreux peintres lettrés pour qui elle ne vient que rehausser l'encre. Tang Yin utilise souvent une technique impressionniste du pinceau pour rendre la résonance de la vie (qiyun, le rythme spirituel), dans ses paysages comme dans ses représentations de fleurs et d'oiseaux.
Les études de fleurs se partagent entre des branches de pruniers dénudés, ou d'abricotiers en fleurs d'une part, des études très finies de fleurs de culture, lis, pivoines, hibiscus, narcisses...d'autre part, œuvres fréquemment accompagnées de courts poèmes et qui sont des souvenirs d'impressions fugitives recueillies dans les jardins de Suzhou. Le pinceau s'avère souvent doux et léger, émoussé parfois, et conserve sa fraîcheur à une vision notée spontanément lui conférant un charme intime, tant par la composition que par la technique non conventionnelle du rendu de l'atmosphère.
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