Date de naissance: 1867
Date de décès: 1941
Biographie:
Valerius De Saedeleer est un peintre belge.
Son père même est cause de ses premières difficultés. Directeur d'une fabrique de savon à Alost, l'homme têtu et bien-pensant est effrayé bientôt par l'incontinence des désirs, des rêves et des talents de son fils qui, adolescent, veut déjà se consacrer à l'art. Le père condamne ce désir et oblige son fils à un apprentissage à Gand dans la firme textile De Leener, alors qu'il a à peine quitté l'école primaire. Mais Valerius abandonne bien vite cet emploi, ainsi que les cours de tissage à l'école industrielle et se fait inscrire comme élève aux Académies d'Alost et de Gand. Le père cependant se montre intraitable jusqu'à ce que son fils quitte Alost et parte pour Bruxelles où il suit les cours de peinture du paysagiste Franz Courtens et débute dans le sillage de l'impressionnisme. Grâce à son entêtement, Valerius De Saedeleer conquiert sa liberté dès 1887 et il lui est loisible de se consacrer entièrement à l'art , .
Non satisfait de son œuvre — il est influencé tour à tour par Henri De Braekeleer, Franz Courtens et Émile Claus — il erre d'une ville à l'autre. Avec Courtens il travaille successivement dans les villages hollandais de Vogelzang et de Philippine et Termonde ; il œuvre à Hamme et Bornem, Gand, Blankenberge. À Alost, il épouse en 1889 une jeune fille de caractère indépendant, Clémentine Limpens, elle aussi d'humeur narquoise et volage. Poursuivi pour n'avoir pas payé son loyer, il émigre en 1892 à Saint-Denis-Westrem . La longue série de ses déménagements commence. D'Afsnee il se rend une première fois — nous sommes en 1893 — à Laethem-Saint-Martin dans une chaumine délabrée. Il occupe successivement plusieurs greniers à Gand, puis se rend de 1901 à 1904 à Lissewege, où il occupe une maison aux murs blanchis à la chaux, aux volets verts, une maison pittoresque et joyeuse. Après une nouvelle et brève apparition à Gand et malgré sa manie des déplacements, il fait à Laethem un séjour prolongé. La maison qu'il y occupe pendant dix ans, de 1898 à 1908 est située à l'un des plus beaux coudes de la Lys, presque à l'ombre de l'église du village. Elle a l'allure d'une ferme, et là Valerius élève lapins, poules et chèvres et regarde mûrir les fruits de son verger. Jusqu'alors occasionnellement orageuse, l'atmosphère du ménage s'apaise et des fillettes y naissent et grandissent. Valerius est un homme simple, un paisible, un révolté malgré lui, un mal-à-l'aise dans les compromis qu'exige la vie , .
Dans les années 1890, sa nature capricieuse se mue en une certaine fermeté, grâce au socialisme naissant. Arrivé à Gand, il rallie le parti socialiste et aime à proclamer des idées qui penchent vers l'anarchie plutôt que vers le collectivisme : il aspire à un monde propre et bien rangé, le monde qu'il créera un jour sur ses toiles. Revenu en 1904 de son escapade à Lissewege, ayant passé par une crise aiguë de conscience, l'ancien anarchiste et bagarreur retrouve finalement la paix en retournant au catholicisme, la religion de sa prime enfance.
Regarder vivre Valerius De Saedeleer est un plaisir que ses familiers savourent sans cesse, tant il est épanoui, rond, gras, jovial, avec cependant quelque chose de fin et de naturellement distingué. Au cours de la conversation, ses doigts musculeux malmènent une barbiche au poil dur, passent sur son large visage et s'en vont ratisser vigoureusement une abondante crinière aux cheveux épais. Petits et très rapprochés, le nez, la bouche et les yeux semblent avoir été finement dessinés comme du bout d'un pinceau très pointu dans une face large et charnue, une face d'un rouge-rose de brique bien cuite. Type accompli du Flamand enjoué et plantureux, il n'est aucunement bruyant ni grossier, ni buveur. Tout au contraire, il mène une vie tranquille, mesurée, une vie d'où tout excès est soigneusement banni. Il aime que sa femme, tout aussi corpulente que lui (une mère attentive et rieuse, un cœur simple) s'installe près de lui et reste de longues heures la main posée dans la sienne. D'une déconcertante insouciance, il ferme volontiers les yeux devant les ennuis.
Proche de la nature, il ne s'embarrasse de rien de superflu, porte dans la vie journalière des sabots et très couramment une salopette bleue admirablement patinée par de multiples taches de couleur et délavée par de nombreuses lessives et, l'été, un grand chapeau de paille, coiffure des moissonneurs. Il passe de longues matinées dans son atelier, de toutes petites lunettes de fer soigneusement posées au bout de son nez. C'est dans le silence le plus absolu qu'il poursuit son travail. Ses après-midi, il les emploie à flâner, à fumer une énorme bouffarde, à lire, à jouer aux cartes, à raconter des histoires , .
À Gand, Valerius avait vécu la vie de bohème avec un fidèle camarade d'académie qu'il attire à Laethem dès 1898 : George Minne . Les deux amis ont presque le même âge, mais en art De Saedeleer n'a encore rien exécuté qui vaille, tandis que Minne a déjà produit des œuvres marquantes bien personnelles. En 1899, les frères Karel et Gustave Van de Woestijne rejoignent Laethem et viennent grossir le premier groupe de Laethem, le bourgmestre Van den Abeele, George Minne et De Saedeleer. Le contact de Gustave Van de Woestijne, l'influence des primitifs flamands et surtout le tableau de Breugel Les chasseurs dans la neige l'orientent dès lors vers un type de paysage très dépouillé, dont les motifs sont soumis à une écriture fine et précise, dans une atmosphère sensibilisée par la lumière.
Plus...
Wikipedia link: Click Here